Le 20 mai 2025, la Cour des Comptes a présenté un rapport intitulé L’Enseignement primaire, une organisation en décalage avec les besoins de l’élève. Que contient ce rapport ? Quels en sont les principaux constats ? Qu’en est-il à Fontenay ?

Evolution des effectifs du 1er degré

Le graphique n° 1 (Statista*) représente l’évolution des effectifs de 1980 à 2022.  Les ordonnées sont en millions d’élèves:

On observe un pic vers 2015 et une tendance à la baisse continue depuis. C’est cette baisse qu’étudie la Cour des Comptes.

Le graphique n° 2 (Rapport de la Cour des comptes 2025**) présente l’évolution des effectifs depuis 2009 avec une évolution prévisionnelle jusqu’à 2028 (ci-dessous).   

On peut retenir les observations suivantes :

7,1 millions à la rentrée 1980 (données Statista) ; 6,7 millions à la rentrée 1990 , et aussi 6,7 millions aux rentrées 2015, 2016, mais une baisse continue depuis : 6,3 millions à la rentrée 2023,  et un effectif prévisionnel de 6 millions  à la rentrée 2028 (données Cour des Comptes).

De 2015 à 2025, on observe  une baisse de presque 9 % , qui pourrait, selon les prévisions, approcher 12% en 2028.

Constats et commentaires de la Cour des Comptes**

Constat n°1 : Baisse de niveau malgré la baisse des effectifs

La baisse des effectifs s’accompagne d’une baisse du niveau des élèves, alors que les effectifs par classe se réduisent.

        À l’école primaire, les évaluations exhaustives « Repères » se tiennent en début de CP et de CE1 depuis la rentrée 2018, et en début de CM1 depuis la rentrée 2023. Ces évaluations de début d’année sont un outil mis à disposition des professeurs pour leur permettre d’identifier rapidement les besoins de chaque élève et de leur apporter l’aide la plus efficace.

        En plus de cette approche didactique, elles ont une visée évaluative puisque le protocole de celle effectuée en début de CP « permet de dresser un panorama de certaines des compétences développées en maternelle ».

        En outre, l’évaluation de début de CP est complétée par un point d’étape au milieu de l’année pour « mesurer l’évolution des acquis des élèves dans certains domaines de la lecture et des mathématiques ».

Ainsi, le niveau des élèves français stagne après un déclin régulier depuis 2016, et la France reste à l’avant-dernière place au classement des pays européens.

Constat n° 2 : Forte corrélation entre résultats scolaires et Indice de Position Sociale ( IPS)

        En France, les performances individuelles sont très hétérogènes et fortement liées aux inégalités sociales, tout au long de la scolarité.  Cette étude révèle de plus la différentiation de genre à l’oeuvre en CP : être une fille est associé à une moins bonne progression, et cette différence est nettement plus marquée en mathématiques qu’en français.

       Si bien qu’à la fin du premier degré, une forte corrélation est observée entre le score moyen aux évaluations d’entrée en 6ème et l’Indice de Position Sociale des parents (IPS).

Lien entre score moyen aux évaluations nationales de sixième et position sociale des parents (Cour des Comptes):

Ce déterminisme social semble être un facteur constitutif du système éducatif français actuel et tend à montrer que les efforts pour réduire ces inégalités de performance doivent être consentis le plus tôt possible dans la scolarité des élèves (préélémentaire), voire dans la petite enfance.

         La France reste le pays de l’OCDE où les compétences à 15 ans sont le plus liées au milieu social. Ces inégalités sont aussi liées au rapport à la lecture , notamment par le nombre de livres dans le foyer de l'enfant.

        Pour information (notre article du 24 janvier 2024 ) : Indice de Position Sociale (IPS)des écoles élémentaires de Fontenay (Attention, il ne s’agit pas de niveau scolaire, mais des conditions éducatives et des moyens à apporter pour atteindre l’égale attraction de chaque établissement)

Constat n° 3 : Une organisation de la semaine scolaire en inéquation avec les intérêts de l’enfant

       2010 : Un rapport de l’académie nationale de médecine souligne :  « l’aménagement du temps scolaire en France n’est pas en cohérence avec ces connaissances de la chronobiologie de l’enfant et cela à tous les niveaux de l’organisation, journée, semaine ou année scolaire », soulignant, notamment, « le rôle néfaste de la semaine dite de 4 jours sur la vigilance et les performances des enfants les deux premiers jours de la semaine liées à une désynchronisation liée au week-end prolongé ».

       2013 : Un décret impose neuf demi-journées à raison de 5 heures 30 maximum par jour et de 3 heures 30 minimum. La semaine est donc relevée à quatre jours et demi, à la charge de l’Etat. Et s’accompagne de NAP, activités sportives, culturelles et artistiques à la charge des communes.

Cette modification d’ampleur des rythmes scolaires s’est révélée très hétérogène dans sa mise en oeuvre avec des coûts très variables pour les collectivités. Elle n’a pas été évaluée, ni stabilisée dans le temps.

       2017 : retour en arrière, instaurant la semaine de 4 jours dans la plupart des communes (sauf Paris notamment) annulant de fait la réforme des rythmes scolaires au bénéfice du bien-être des enfants.

L’Association des maires ruraux de France a résumé ainsi la situation : cet assouplissement «ne respecte en rien la chronobiologie de l’enfant et donc de l’élève (…) et s’est effectuée au détriment des biorythmes de l’enfant ».

        Autrement dit, on constate une baisse des ambitions collectives pour l’éducation, entraînant davantage de situations d’échecs (le tout aggravé par les années Covid), avec tous les risques qui en découlent en terme de bien-être, de respect les uns des autres, de respect des règles de la société … Du coup, cela augmente d’autant la responsabilité des élus locaux, notamment dans le cadre périscolaire.

A Fontenay, Le maire actuel a-t-il pris conscience des enjeux ci-dessus ?

        La baisse des effectifs scolarisés dans les écoles publiques de la ville de Fontenay est en grande partie une conséquence des choix du maire actuel et de sa majorité qui ont rendu la ville moins attractive en particulier pour les enfants et les familles. Depuis 2020 la ville a perdu près de 1000 habitants ((source INSEE).

Entre  2020 et  2024 , la ville de Fontenay a perdu 992 habitants

La baisse d'attractivité de la ville de Fontenay, particulièrement pour les familles avec enfants, a entrainé la fermeture de 9 classes depuis 2020. S’il n’y a pas un changement net des politiques de la ville envers les familles (crèches, écoles publiques équipements sportifs…), les jeunes ménages préfèreront aller dans des villes voisines plus accueillantes.

         Ce diagramme et ses chiffres montrent bien la baisse des effectifs. Or, la Cour des Comptes précise dans son rapport : Dans un premier temps, cette baisse peut être considérée comme une opportunité permettant de repenser le modèle actuel de l’école en replaçant l’élève au centre des ambitions collectives. Cette évidence est parfois perdue de vue dans l’organisation actuelle **.

         A Fontenay, cette évidence est perdue de vue : crèches fermées (crèche de l’Allée Fleurie, Crèche Pom’ de Rainette). Mais aussi fermeture de la Caisse des écoles. Mais aussi abandon des objectifs de Communication Non Violente ou équivalent. Mais aussi fermeture de l’accueil de loisirs public de l’école primaire de la Roue. Mais aussi fermeture du terrain de basket des Blagis, abandon du grand stade de foot du Panorama, menaces sur le deuxième terrain de foot du Panorama …

Suzanne Bourdet     Michel Faye

* https://fr.statista.com/statistiques/499569/effectifs-eleves-enseignement-premier-degre-france/

** Cour des Comptes: L’ENSEIGNEMENT PRIMAIRE , une organisation en décalage avec les besoins de l’élève / Rapport public thématique Mai 2025  https://www.ccomptes.fr/fr/publications/lenseignement-primaire

*** Indicateur de Position Sociale, IPS / Notre article du 22 janvier 2024 :  http://www.pourfontenay.fr/blog/indicateur-de-position-sociale-ips-ecoles-publiques-ecoles-privees

Graphiques: Pour Fontenay