Du « 1er-Mai » 2024 aux « 1er-Mai » à venir : débats sociaux

Deux fleurs pour deux visions différentes de la société*

A la Révolution, dans le calendrier de Fabre d’Eglantine (l'auteur notamment de la chanson populaire Il pleut bergère), le muguet est associé au "jour républicain" et l’églantine rouge est associée au " 1er mai, et aux travailleurs" .

L’industrialisation du 19ème siècle s’accompagne d’importants rassemblements ouvriers. L’un deux, le 1er mai 1891 à Fourmies, est violemment réprimé, faisant neuf morts et trente-cinq blessés parmi les manifestants. L’églantine rouge symbolise aussi ce sang versé. Les 1er mai suivants, les manifestants portent une églantine rouge à la mémoire des morts de Fourmies.

1941 : le gouvernement de Vichy décrète le 1er mai jour férié, "Fête du Travail et de la Concorde sociale" (en référence à la devise du régime de Vichy "Travail, Famille, Patrie"), et revient au muguet pour effacer l’églantine rouge. Cette journée disparaît à la Libération.

1946 – 1948 : Le 1er mai est réintroduit, et ce jour passe dans la loi comme jour férié, chômé, et payé. C’est le couturier Christian Dior qui remit le muguet à la mode en en offrant aux ouvrières de son atelier. Et le muguet fût repris par le monde du travail.

Le débat actuel concernant les boulangeries est l’écho des deux visions de la société à travers le 1er mai**

1er mai 2024 : Cinq boulangers vendéens ont été verbalisés pour avoir fait travailler des employés un 1er mai. En effet, d'après la loi, seuls les patrons peuvent travailler le 1er mai, avec des membres de leur famille à condition qu'ils ne soient pas salariés.

25 avril 2025 : Ces boulangers ont été relaxés par le tribunal de police de La Roche-sur-Yon. Pour la fédération des boulangers de Vendée, c'est un soulagement. Afin de clarifier la situation, une proposition de loi a été déposée par deux sénateurs. Elle vise à permettre aux établissements déjà autorisés à ouvrir le dimanche de pouvoir le faire le 1er mai. Le patronat approuve. Les syndicats, eux, font valoir que le "1er-Mai", symbole des luttes ouvrières, est un jour particulier et doit le rester."On sait survivre un jour sans avoir sa baguette de pain et c'est très important que ce jour reste férié et chômé"***

Le livre de Danielle Sallenave, membre de l’Académie Française, reste plus que jamais d’actualité*