Clusters de Covid19 et précarités des travailleurs
A partir de la semaine prochaine, à Fontenay comme partout en France, le port du masque sera obligatoire dans les lieux publics fermés. Les mesures barrières sont nécessaires, mais il faut aussi traiter les clusters du moment, notamment les lieux de travailleurs précaires. Saisonniers agricoles et employés des abattoirs industriels travaillent dans des conditions difficiles, avec des cadences infernales, de basses rémunérations, et /ou des hébergements exigus sources de promiscuité. Difficile, voire impossible de respecter les gestes barrière et la distanciation sociale, au travail et /ou après le travail.
Le 21 juin, plus de 1.300 cas ont été découverts en Allemagne dans le plus grand abattoir d'Europe. Selon un communiqué du syndicat allemand NGG, «la propagation généralisée des infections dans cette industrie [en Allemagne] n’est pas surprenante». «Les travailleurs, dont la plupart viennent d’Europe de l’Est et travaillent dans le cadre de contrats avec des sous-traitants parfois douteux, doivent souvent vivre dans des logements de masse dans des conditions très exiguës». Depuis, les exemples se multiplient, en France aussi. Peut-être y a-t-il aussi des conditions propres aux locaux des abattoirs industriels
Pour nous nourrir, certains travailleurs des filières de l’agro-alimentaire sont particulièrement victimes de Covid19. Leurs difficultés méritent autant d’attention que dans d’autres filières que certains diraient plus nobles. Il est temps de réorganiser ces maillons, en ne pensant pas exclusivement en terme de rentabilité, mais en améliorant les conditions de travail, de rémunérations et de logement pour les travailleurs, les conditions d’abattage pour les animaux, et en régulant les cadences pour que chaque geste, notamment geste de prévention, puisse être effectivement accompli. Au bénéfice de tous, y compris de la qualité de notre nourriture.
Ainsi, Covid19 peut nous amener à repenser, en mieux, nos fondamentaux.
Suzanne Bourdet
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