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Surdensification et santé mentale/ Intégrer la notion de santé mentale dans les réflexions urbaines.

Comment la surdensification augmente l’incidence de troubles psychiatriques

     L’urbanisme est un enjeu clé des élections, mais pas seulement... Ce que l’on sait moins, c’est qu’il s’agit aussi d’un enjeu de santé publique, en particulier pour la santé mentale. En effet, par ce bref exposé des données de la science, je vous invite à venir explorer les liens entre l’urbanisation et les troubles mentaux.

     En février 2021, une communication scientifique* écrite par deux chercheurs INSERM, annonçait l’existence d’un lien clairement établi entre « urbanicité et trouble psychotique, avec l’existence d’une relation dose-effet : plus le taux d’urbanicité est élevé, plus le risque de psychose est important ». Une vidéo/conférence du Pr. Schurhoff permet d’aborder une perspective historique de ces données médicales et épidémiologiques. ** Cette conférence aborde également les statistiques au sein de différents quartiers d’une même ville (la ville de Créteil y est étudiée).

     Mais qu’entend-on par « urbanicité » ? La définition dépend des auteurs***, et peut recouvrir par exemple, la surdensité de population, l’insuffisance d’espaces verts, la pollution de l’air, la diminution du tissu social (incarné par les associations notamment…). L’ensemble de ces facteurs induisent un stress à la fois physique et psychique, qui augmente l’incidence (c’est-à-dire l’apparition de nouveaux cas) de troubles psychotiques.

 

Comment au contraire, un environnement de meilleure qualité contribue à une meilleure santé mentale

     Une étude de 2007, effectuée au Chili****, montrait un lien fort entre la qualité des routes, des trottoirs, davantage d’espaces verts et une meilleure santé mentale : une évaluation des troubles psychiatriques au sens large incluant entre autres, la dépression et les troubles anxieux, avait été réalisée.

     Enfin, en 2017, une recherche anglaise montrait les bénéfices de l’exposition à un environnement naturel, sur l’attention chez les personnes âgées*****. Encore une fois, les espaces verts étaient responsables d’une réduction de l’impact du stress et de l’hyperstimulation urbaine. Cet article concluait à l’importance d’un usage équilibré de l’espace public (équilibre entre espaces verts et constructions), afin de limiter les troubles cognitifs (et les risques de démence).

 

Intégrer la notion de santé mentale dans les réflexions urbaines.

     On devine l’apparition d’une 4ème vague à l’horizon : celle-ci sera très probablement psychiatrique******. Mais que s’est-il passé lors de la journée mondiale de la santé mentale à Fontenay-aux-Roses, le 10 octobre 2020 ? Rien. Par contre, les sur-densifications s’accélèrent partout dans la ville, aux dépens des espaces verts et des arbres, jusque dans un Espace Boisé Classé (aux Potiers), alors qu’il est urgent d’intégrer la notion de santé mentale dans les réflexions urbaines. Le magazine municipal semble vouloir mettre un vernis vert sur toutes les actions de la majorité… Le vernis (du square Pompidou) aux abords de la mairie, finit par craquer en périphérie.

     « Afin d’éviter que la ville reste synonyme de stress, il faudra amplifier les aspects positifs de la vie urbaine, notamment l’émergence de lieux de rencontres, la proximité des personnes et des destinations, et réduire les aspects négatifs, tels que les difficultés de mobilité ou l’isolement de certaines populations. La co-construction des projets avec les habitants et la prise en compte des rapports subjectifs qu’ils entretiennent avec leur environnement deviennent aussi des priorités. A terme, cela devrait permettre de faire émerger une ville capable de concilier développement durable et bien-être mental »*******.

     La multiplication de faits divers tragiques bouscule nos consciences. Et l’on ne peut se contenter de dire non à la violence. Pour que les enjeux de santé mentale dans la ville soient enfin pris en compte, les citoyens peuvent afficher le souhait d’une politique alternative, qui conjugue le choix d’une urbanisation équilibrée et d’une médecine préventive ; souhait à concrétiser par un vote les 20 et 27 juin prochains, pour les candidats de la liste Associative, Ecologique et Citoyenne lors des élections départementales.

 

Laurent Marulaz

 

Références :

* « Le milieu urbain : un facteur de risque pour les troubles psychotiques ? » (F. Schurhoff, B. Pignon)

** https://www.youtube.com/watch?v=GIE7U5Ubafc

*** “Meta-analysis of the association of urbanicity with schizophrenia” (E. Vassos, et al.)

**** “Common mental disorders and the built environment in Santiago, Chile” (R. Araya, et al.)

***** “The built environment and cognitive disorders : Results from the cognitive function and ageing study II” (Y-T Wu, et al.)

****** https://www.leparisien.fr/val-de-marne-94/la-4e-vague-sera-psychiatrique-a-creteil-luniversite-sarme-pour-aider-les-etudiants-27-05-2021-UZILHM4D2VDRJGDWCRDX3PMEMY.php

*******https://www.codra-conseil.com/la-psychologie-des-villes-comment-lurbanis...

 

 

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