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A nos amis réduits aux EHPAD

          Le nouveau directeur d’Orpea nous explique que tout va bien dans les établissements du groupe. Le plus triste est qu’Orpea n’a pas le monopole de l’indifférence institutionnelle.

          Ce n’est même pas une question d’argent. Beaucoup de familles modestes ou pas, autour de nous, à Fontenay donc, accompagnent avec beaucoup d’amour, et souvent beaucoup de difficultés, la fin de vie de leurs anciens, à contre-courant des normes que la société des "premiers de cordée", les discours « politiques », les regards détournés contribuent à fixer.

 

Responsabilité personnelle et responsabilité de la société

          Un ami de 80 ans fait une chute sur un trottoir cabossé; quelques jours d’hospitalisation, il pourrait rentrer chez lui, mais rien n’a été préparé.

          Urgence n° 1 : Chacun doit comprendre qu’il faut organiser son logement sans attendre une crise. Afin de pouvoir rester chez soi le plus longtemps possible, entouré (e) de ses souvenirs, de ses habitudes, et des petits et grands  soutiens du quotidien. 

 

Responsabilité des établissements accueillant nos anciens

        Notre ami a les moyens d’entrer dans une maison de retraite « honorable ». Il s’y résout. Mais le couperet Covid tombe. Visites interdites, puis limitées à la famille. Téléphone en dérangement, portable déchargé, bref, ami isolé … Quatre mois plus tard, nous retrouvons un monsieur qui a vieilli de 10 ans, très amaigri, cheveux mal coupés (lui qui était si coquet) , seul dans un fauteuil qu’il ne peut plus quitter, ni photo, ni écran, ni musique, aucun soutien personnel. Antichambre de la mort.

        Urgence n°2 : Si vous ne sollicitez pas le corps, le cerveau, mémoire, souvenirs, parole, chant … tout se sclérose. Il faut du personnel en nombre suffisant, du personnel correctement formé et correctement payé.

 

Responsabilités politiques 

       Un jour prochain, il y aura un enterrement, et rien ne changera.

      Urgence n° 3 : Combien d’élus ont eu l’occasion de voir de près la réalité des fins de vie fracassées par l’indifférence de la société ? Combien d’ailleurs ont envie de savoir ? Pour que cela change, tout élu devrait visiter à l’improviste  des résidents d’Ehpad, leur parler vraiment, se préoccuper des escarres, des repas, des bobos et des tristesses.  Alors, on pourra discuter correctement des besoins, des financements, et des dysfonctionnements. Définir des labels de logements adaptés au maintien à domicile, et des obligations de logements ainsi labellisés dans tous les nouveaux immeubles au moins, et si possible dans les immeubles déjà construits.Définir des labels pour les personnels (qualification, rémunération...). Retrousser les manches pour enfin soutenir, correctement et dans la dignité, les personnes les plus fragiles.  

 

       Dans le livre dont il est l’auteur, Le Petit Prince, Antoine de Saint-Exupéry écrit : » La quatrième planète était celle du businessman. Cet homme était si occupé qu'il ne leva même pas la tête à l'arrivée du petit prince ». Le businessman accumula certainement les dividendes, il ne put même pas les emporter quand il passa dans l’antichambre de la mort.

 

Suzanne Bourdet   Michel Faye

 

Image : https://www.groupejonathan.ca/soins-palliatifs-fin-de-vie

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