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BLAGIS, va-t-on casser d’abord un bâtiment non amianté ?

Les tensions politiques sur le logement sont fortes, mais alors que la Covid rôde encore, l’ancien monde revient au galop, préférant casser et densifier plutôt que rénover en améliorant  la  qualité de vie pour tous. La rénovation réussie  de la cité Grand-Parc à Bordeaux (530 logements sociaux) a reçu en 2019 le prix Mies Van der Rohe, grand prix européen d’architecture ; l’Europe a accompagné ce prix d’une recommandation à prendre cette réalisation comme modèle de rénovation pour  toute l’Europe. D'autres rénovations lourdes sont en cours*

Aux Blagis, comme à la  cité Grand-Parc de Bordeaux, on sait traiter le problème de l’amiante encapsulée dans les dalles de sol thermoplastiques, sans parler de l’immeuble du 18 rue Alfred de Musset, qui longe l’avenue Jean Perrin, et qui n’est même pas amianté.

Les relogements imposés créent des problèmes humains, et donnent, aux locataires qui voudraient le refuser, le sentiment d’être un pot de terre contre un pot de fer, car, comme le dit si bien Jean de La Fontaine, le pot de fer ne mesure pas les difficultés propres au pot de terre: changer de voisinage pour une personne âgée, ou pour une maman avec un bébé tourne rapidement au casse-tête. D’autant que les surcoûts au quotidien, s’ils paraissent modestes aux donneurs d’ordre, sont redoutables pour les personnes concernées.  Par exemple, pour une personne âgée à revenus modestes, remplacer un logement doté d’un chauffage central au bois (chaudière à pellets) par un logement à chauffage électrique, cela double rapidement la facture de chauffage. Il y a deux ans, à la Maison de Quartier des Blagis, nous avons écouté en réunion, le témoignage d'une mère avec un bébé, "déménagée" de la rue Alfred-de-Musset, pour un logement aux "Hauts-de- Sorrières" (où il y a aussi de l'amiante) ; son témoignage mettait en lumière ce que ce déménagement a eu de violent pour elle, notamment le stress des 8 derniers jours, même si les décideurs font état de leurs propres arguments.

L’emplacement du 18 rue Alfred de Musset, le long de l’avenue Jean-Perrin, intéresse les promoteurs. Les promoteurs l’emportent trop souvent sur les considérations sociales et écologiques. Aux politiques, en particulier au maire,  de changer la donne ; les électeurs auraient alors moins de raisons de s’abstenir aux élections.

Suzanne Bourdet

* photos avant puis après rénovation lourde  d'un immeuble social de 108 logements au Mans

 

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