1er-15 août, redoutable temps suspendu pour certaines personnes qui se retrouvent isolées, notamment pour des personnes âgées quand la famille, le voisinage, les commerçants, la ville entière migrent pour des vacances bien méritées.  Les vacances, et particulièrement la première quinzaine d’août, renvoient aux personnes seules, ou aux personnes qui ne partent pas en vacances, le décalage entre elles et les autres, d’autant que beaucoup de structures d’animation sont fermées.

C’est encore plus sensible cette année, où le confinement a durement impacté les plus fragiles. C’est particulièrement vrai après l’hécatombe dans les maisons de retraite et les Ehpad des Hauts-de Seine. Le modèle actuel des maisons de retraite et des Ehpad a montré ses limites, et la nécessité d’en repenser les grandes lignes : niveau d’équipement, présence d’une infirmière de nuit et /ou d’un médecin de garde, ratio personnel/résident, interactions avec l’extérieur, consentement d’un résident si on propose un isolement ou un transfert à l’hôpital, possibilité de séjours à temps partiel*…

Actuellement, on entre en maison de retraite ou en Ehpad comme en un lieu dont on ne ressortira plus*.  Est-il digne d’un des pays les plus riches de la planète d’exiger moins de cet accueil de nos aînés que l’on n’exige des crèches pour les tout-petits ? Revoir le rôle et les bénéfices des actionnaires éventuels. Imposer des critères de qualité matérielle et humaine, sous le contrôle des pouvoirs publics. Améliorer les conditions du maintien à domicile, y compris pendant, et malgré, les périodes de vacances.

Prenons modèle sur les belles histoires de dévouements familiaux, ou de dévouement de personnels dans certains établissements plutôt que de fermer les yeux sur le « délaissement » de certaines personnes vulnérables, notamment en fin de vie.

Suzanne Bourdet

* Michèle Delaunay, ancienne ministre chargée des personnes âgées et de l’autonomie, dans Le Monde daté du 31 juillet 2020.