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Stéfano, éboueur

A Fresne-Camilly, près de Caen, après avoir travaillé sans relâche pendant le confinement, Stéfano, un conducteur de bennes à ordures, s'est suicidé, vendredi 5 juin. Il venait d’être licencié par son entreprise pour consommation d'alcool au travail.  Il s’est donné la mort dans sa tenue de travail, dans le garage de ses parents, la lettre de licenciement à ses pieds. L’entreprise soulignera une nécessaire intransigeance sur les comportements de ses chauffeurs. Les collègues du conducteur souligneront  qu’il avait 26 ans de bons et loyaux services,  qu’il était veuf, qu’il élevait son gamin de 18 ans et vivait chez ses parents âgés… On aurait pu le mettre à pied, lui donner un blâme et l'accompagner pour que cela ne se reproduise plus.

"Ils sont où les héros du quotidien dont on parlait, qu'on applaudissait, [et] tous les messages qu'on nous a mis sur nos poubelles ? Tous les messages qu'on a gardés d'ailleurs, car nous [étions] très touchés par cela. Mais la direction s'en fout de ça, le boulot était fait, mais on n'est pas des héros du quotidien pour eux. On est là pour faire ça, basta", a témoigné un de ses collègues.

Pendant le confinement, en période de crise, on a applaudi les « petites mains », personnel territorial (les éboueurs), personnel municipal, personnel soignant, personnel des supermarchés…  Plus qu’une lettre recommandée de licenciement, on leur doit maintenant écoute, respect, salaire décent, sanction proportionnée si nécessaire, accompagnement et suivi. Pour eux, pour tous les citoyens, pour plus de justice sociale.

Suzanne Bourdet

 

* Photo Frédéric Soltan 

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