Dans son éditorial  du numéro d’avril 2025* du MAG de Fontenay-aux-Roses, le maire écrit :  « [Le] projet de géothermie [. ] permettra avant 2029 de décarboner près de 5 000 logements à Fontenay-aux-Roses, réduisant ainsi de 30% la facture de chauffage pour les locataires ou propriétaires concernés » (?)

        Vrai ou faux ?

 

Un Fontenaisien interpelle le maire

           Lors de la réunion publique du quartier Scarron-Sorrières, réunion qui a eu lieu mercredi 9 avril, le maire a présenté le projet de géothermie, assurant, comme il l’a fait dans son éditorial précité, que cela aller entrainer une baisse des factures de chauffage pour les copropriétés qui choisiront le réseau de chaleur faisant appel à la géothermie**

          Mal lui en a pris : un copropriétaire de la résidence Florilège située au 50 -52 rue Max Dormoy l’a interpellé, sa résidence a choisi d’assurer son chauffage par le réseau de chaleur provenant de la centrale géothermique de Bagneux, centrale géothermique utilisant la même nappe aquifère que celle qui alimenterait en eau chaude la centrale géothermique de Fontenay en projet. Le réseau de chaleur de Bagneux  et celui en projet à Fontenay sont comparables.

        Qu’a constaté  ce Fontenaisien? Non seulement les charges de chauffage n’ont pas diminué de 30%, mais elles ont augmenté !  Le maire n’a pas su quoi lui répondre, ni aucun autre élu, ni aucun fonctionnaire municipal.

      Remarque : Nous n’avons  trouvé dans les immeubles ayant opté pour le chauffage par « géothermie » du réseau de chaleur de Bagneux aucun immeuble où le passage du gaz à la « géothermie » ait entrainé une baisse de 30% des charges de chauffage.

 

Comparaison des charges annuelles de chauffage de 2 immeubles très semblables

Soit 2 immeubles qui datent des années 1965/ 1975.

Le premier est un immeuble de 32 logements situé rue Jean Jaurès à Fontenay : il est chauffé au gaz. Ses 2 chaudières datent de 2017.

Pour l’année 2023, les charges totales de chauffage, y compris l’eau chaude et l’amortissement des chaudières, sont égales à 36258 euros

Soit une charge moyenne de chauffage par appartement de 1134 euros

 

Le second est un immeuble de 40 logements, situé rue Kléber à Chatillon : il est chauffé depuis plusieurs années à l’aide du réseau de chaleur provenant de la centrale géothermique de Bagneux.

Pour l’année 2023 les charges totales de chauffage sont égales à 65 839 euros

Soit une charge moyenne de chauffage par appartement de 1646 euros

En comparant ces 2 immeubles on constate que la charge totale de chauffage par logement n’est pas 30% plus faible, mais 45% plus importante dans l’immeuble chauffé par « géothermie » que la charge totale de chauffage par logement dans l’immeuble chauffé au gaz.

Ces données sont résumées  dans le tableau comparatif ci-après, donnant les montants annuels moyens par logement, des charges de chauffage

 

En comparant les charges totales de chauffage par m² on retrouve un résultat similaire.

 

En comparant les charges de chauffage que ce soit par logement ou par m², on constate chaque fois que celles correspondant à un immeuble chauffé par « géothermie » sont toujours supérieures, et souvent très nettement, à celles correspondant à un immeuble chauffé au gaz.

 Avant de signer un contrat non révisable d’une durée de 15 ans pour passer du chauffage au gaz au chauffage par « géothermie » il faut bien réfléchir !

 

Pourquoi le chauffage par « géothermie » envisagé à Fontenay coûte - t - il nettement plus cher que le chauffage au gaz?

 Dans une facture de chauffage, il y a toujours 2 grandes parties 

• Une partie fixe, indépendante de la consommation d’énergie. Elle correspond à l’entretien, à la participation aux amortissements des réseaux, aux coûts du gestionnaire du réseau, etc..
• Une partie variable qui correspond à la consommation d’énergie : gaz, électricité, chaleur

Sur une année,

 Pour l’immeuble chauffé au gaz précédemment étudié la partie variable - consommation d’énergie : gaz et électricité -  est de 31504 euros soit 984 euros en moyenne par logement et la partie fixe est de 4754 euros soit 149 euros en moyenne par logement.

La partie variable représente 87% des charges de chauffage et la partie fixe 13%

 

Pour l’immeuble chauffé par « géothermie » précédemment étudié, la partie variable - consommation d'énergie - est de 20189 euros soit 505 euros en moyenne par logement; la partie fixe est de 45650 euros soit 1141euros en moyenne par logement.

La partie variable représente 31% des charges de chauffage et la partie fixe 69%

On retrouve ici les proportions indiquées par la directrice de la SEM GéoSud92 lors de la réunion de présentation de la géothermie le 27 novembre 2024.

D’où le schéma récapitulatif :

 

Que se passe-t-il quand on ne chauffe pas ?

C’est le cas l’été ou quand on est absent de son logement

 

Pour les immeubles qui ont choisi le chauffage au gaz ou à l’électricité, la partie fixe de la facture est relative faible, de l’ordre de 10 à 20% du total, l’essentiel de la facture étant la consommation de gaz ou d’électricité.

Quand on ne chauffe pas, la facture de chauffage diminue très fortement : de plus de 80%

Cela implique que si l’on fait des travaux d’isolation thermique, la facture de chauffage peut diminuer fortement.

De plus on peut changer de type de chauffage ou de fournisseur d’énergie, cela peut se faire sans pénalité , car les contrats de chauffage sont aisément résiliables. 

 

Pour les immeubles qui vont choisir le chauffage par géothermie, la partie fixe est très importante entre 60 à 70%.

Quand on ne chauffe pas, la facture ne diminue que faiblement, au mieux de 30 à 40% au lieu de plus de 80% dans le cas d’un chauffage au gaz ou à l’électricité.

Cela implique que si l’on fait des travaux d’isolation thermique, la facture de chauffage diminuera faiblement, en général pas assez pour que l’opération soit financièrement rentable.

De plus il est impossible de changer de type de chauffage et de fournisseur d’énergie car le contrat est de fait non résiliable pendant 15 ans !.

 

De plus encore, pour les immeubles chauffés au gaz et passant à la géothermie , leurs chaudières même si elles sont en bon état, voire récentes, deviendront inutiles et il n’est pas prévu de rachat de ces chaudières. Cela peut représenter des investissements de dizaines de milliers d’euros perdus, ce qui revient de facto à augmenter le coût du passage à la géothermie.

 

Pourquoi la partie fixe des charges de chauffage est-elle si élevée dans ce projet de géothermie?

Les coûts d’investissement pour le réseau de chaleur*** de Fontenay qui utilise en partie de la chaleur d’origine géothermique sont très élevés. Lors de la réunion d’information du 27 novembre 2024, la somme de 70 millions d’euros a été donnée****. A titre de comparaison, le budget d’investissement de la ville de Fontenay pour 2025 est d’un peu moins de 10 millions d’euros.

De plus il va falloir entretenir tous les dispositifs : pompes à chaleur, chaudières de grande puissance, centrale géothermique ;

Il faut aussi prendre en compte les frais de personnel, les redevances, les assurances, le coût du siège social, etc …sans compter que le porteur de projet considère que ce réseau de chaleur doit dégager une rentabilité financière avant impôt de 7%.

Ce  projet de «  géothermie » a été construit en prenant en compte  que 30% du coût serait subventionné par différents organismes :

         Fond Chaleur ( Ademe)

         FEDER ( Fond Européen de Developpemnt Régional)

         CPER ( Contrats Projets Etat-Région)

         l’ ANRU ( Agence National de la Rénovation Urbaine)

         la DSIL ( Dotation de Soutien à l’ Investissement Local)

         La FIM ( Fond d’Investissement Métropolitain)

         Les CEE ( Les Certificats d’Economies d’Energies) mais ces derniers sont incompatibles avec le Fond Chaleur

Que se passerait-t-il si ces subventions n’étaient pas accordées, partiellement ou en totalité ?

    Actuellement pour des raisons budgétaires entre autres, les subventions concernant les énergies renouvelables ont tendance à être réduites : cas du solaire par exemple.

Et la recherche d’économies tous azimuts du gouvernement risque d'entrainer une réduction, voire une suppression de certaines aides ou subventions.

Raison de plus pour que les copropriétés soient prudentes lorsqu’elles auront à examiner la proposition de passage à la géothermie comme source de chaleur à la place du gaz.

Finalement, combien de copropriétés vont -elles choisir de prendre le risque d’augmenter, souvent fortement, leurs charges de chauffage en signant un contrat de 15 ans non résiliable ? Les copropriétés votent en assemblée générale, donc peuvent refuser cette géothermie faussement "verte "(voir articles précédents).

Pour les locataires d'immeubles sociaux, c'est  le bailleur qui décide. Ce  projet "mal ficelé"sera-t-il imposé par les bailleurs dans les immeubles sociaux, avec un risque non nul d'augmenter les charges de chauffage pour les locataires?

Et la Ville , qui a investi ces dernières en chaudières neuves pour de nombreux bâtiments municipaux  ( écoles par exemple) va-t-elle passer par pertes et profits ces investissements pour favoriser  ce projet de géothermie dont on vient de voir les inconvenients, les coûts, les surcoûts, autant de risques d'aggraver le poids des impôts locaux?

Si le nombre d'utilisateurs est trop faible, ce projet dispendieux  qui supprime un terrain de sport et qui est de fait fort peu écologique, sera abandonné.

  

Suzanne Bourdet      Michel Faye

 

*Editorial du maire en page 3 du numéro d’avril 2025 du magazine municipal de Fontenay

**Pour faire court, on appellera « géothermie » le réseau de chaleur ayant une partie de son énergie d’origine géothermique

*** https://www.pourfontenay.fr/blog/projet-de-geothermie-fontenay-2-pourquo...

**** La participation de la Ville de Fontenay dans la SEM GéoSud92 est de 27%. C’est son engagement financier dans ce projet .