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Pollution lumineuse, appel aux lucioles

Le confinement  donne le temps d’observer ce que l’on ne regarde guère d’ordinaire. Par exemple la pollution lumineuse. La pollution lumineuse, c’est une facture énergétique, c’est aussi une facture écologique. La lumière bleue des LED dépense moins d’énergie, mais perturbe davantage le rythme jour-nuit. De gros spots lumineux brillant en-dehors des heures de travail nous interpellent, au front du Collège des Ormeaux, au front de grues de chantier, à la Cavée en ce moment ; ou des éclairages intérieurs, en-dehors des heures d’ouverture, aux fenêtres d’établissements publics ou privés.

Les super-pouvoirs du vivant sont menacés: L’homme est un animal diurne, mais il a prolongé son activité en inventant la lumière. Or le rythme jour-nuit (ou rythme circadien) impacte toute la biodiversité, le rythme veille-sommeil de l’homme, la germination et la photosynthèse des plantes, jusqu’aux moisissures et aux algues vertes, comme celles qui se sont développées l’été dernier dans le bassin du parvis de la mairie. La vie des animaux aussi bien sûr. Par exemple, la majorité des insectes vit la nuit, la pollinisation est impactée quand la lumière artificielle piège les insectes.  Même le super-pouvoir des lucioles est menacé : « En plus de perturber leur biorythme naturel, la pollution lumineuse saccage les rituels de rencontre des lucioles », explique l’un des co-auteurs de l’étude publiée le 3 février 2020, dans le journal BioScience.

La pollution lumineuse à l’épreuve du législateur: Plusieurs arrêtés gouvernementaux se sont succédés, dont l’arrêté du 27 décembre 2018 relatif à la prévention, à la réduction et à la limitation des nuisances lumineuses  (Ministère de la transition écologique et solidaire). Cet arrêté fixe en particulier des règles qui concernent aussi bien notre ville que l’ensemble du pays. Idée directrice : les lumières doivent être éteintes de 1h du matin (ou de la fin de l’activité) à 7 h du matin (ou du début de l’activité).   

Créer une trame noire, ou au moins une trame sombre : Pour lutter contre la fragmentation des habitats, en particulier en milieu urbain, on crée des réseaux écologiques, trames vertes et bleues (initié en 2007 par le ministère de l’écologie). On devrait de la même manière créer des trames noires, ou sombres, propices à la vie nocturne.

Le 10 octobre 2020 sera le Jour de la Nuit, manifestation nationale de sensibilisation à la pollution lumineuse, à la protection de la biodiversité nocturne et du ciel étoilé, manifestation coordonnée par l’association nationale Agir pour l’Environnement. Ce serait une belle occasion de préparer et assumer, à Fontenay, une action de réduction de la pollution lumineuse. Globalement, un travail énorme est à faire sur ce sujet, les habitants pourraient en être les interlocuteurs privilégiés, les lucioles bénévoles.

Suzanne Bourdet Michel Faye

 

Pour en savoir plus 

https://www.youtube.com/watch?v=rCNXfNM9cm4

https://www.youtube.com/watch?v=po30NxdJGb0

https://www.numerama.com/sciences/603604-les-lucioles-sont-en-declin-et-cest-entierement-a-cause-des-activites-humaines.html

 

Commentaires

Très bel article. J’ajouterai

Très bel article. J’ajouterai (parce que j’ai fait ma thèse sur le sujet...) que le Prix Nobel de médecine a été attribué en 2017 à 3 chercheurs, pour leur découverte des « clock genes », ces fameux « gènes de l’horloge » qui régulent notre rythme circadien, et que l’on partage avec toutes les espèces, qu’elles soient animales, ou même végétales!... Comme quoi, les contraintes géophysiques liées à la durée de rotation de la Terre sur elle-même, a un impact jusqu’à l’échelle microscopique dans l’expression génétique de tous les organismes vivants avec qui nous sommes en symbiose. Au fond, respecter les lucioles, c’est un peu se respecter nous-mêmes.

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