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Le site de Nançay (Sologne), un haut-lieu de la radioastronomie, ouvert au public.

A la recherche des « petits hommes verts »

         Yves Rocard (père de Michel Rocard, premier ministre de François Mitterrand) fut un des pionniers de la radioastronomie en France. Pendant la deuxième guerre mondiale, Yves Rocard était directeur de la recherche navale des Forces Françaises Libres. Il y apprit la découverte, par les radars anglais, d’ondes radio émises par le Soleil. De même, certains objets célestes émettent des ondes radio qui avaient alimenté un temps l’idée qu’il existerait dans l’espace ce que les chroniqueurs avaient appelé les « petits hommes verts ».

 

La première génération de radioastronomie à Nançay détecte des Gigahertz.

          Après la guerre, Yves Rocard pilota la construction de la station de radioastronomie de Nançay*. L’histoire commence donc en 1956 avec la construction de 47 antennes paraboliques réglées sur les fréquences émises par le Soleil, de 0,150 à 0,4 Gigahertz.

          L’histoire de la station de radioastronomie se poursuit en 1965 avec la construction d’un radiotélescope géant, le 5ème plus grand du monde, le 2ème plus grand d’Europe, qui collecte les ondes radio émises par le gaz d’hydrogène dans l’espace. Les fréquences vont 1 à 3,5 Gigahertz. Ce qui permet d’enregistrer des ondes radios venues des galaxies, des enveloppes d’étoiles, des comètes et des pulsars. 

 

Les activités humaines dans le rôle des trublions

          En ondes radio, plus les antennes sont courtes, plus les fréquences sont grandes. Les téléphones utilisent des fréquences de l’ordre du Gigahertz, 0,9 et 1,8 Gigahertz en 2G ; Ajouter 2,1 en 3G et 2,6 en 4 G. La 5G, elle, utilise une bande qui va de 3,4 à 3,8 Gigahertz. Nos téléphones ne captent donc pas les vibrations du Soleil, mais pollueraient les enregistrements de radioastronomie.

          Il a fallu interdire le passage des communications téléphoniques au-dessus du site de radioastronomie de Nançay. On retrouve, pour les circulations d’ondes radio, les mêmes obligations de partage de la « voirie ». Dur, dur pour les opérateurs, ils sont obligés de respecter les fréquences qui leur sont allouées, mais en veulent toujours plus, aussi longtemps que les consommateurs suivent.

 

Deuxième génération à Nançay, en lien avec les missions Voyager

          Entre 1975 et 1977, en lien avec les missions spatiales Voyager  vers Jupiter, Saturne, Uranus et Neptune, un réseau  décamétrique, constitué de144 antennes qui détectent des ondes radio allant de 10 à 100 Mégahertz, a été construit et pointé sur Jupiter .

 

Troisième génération à Nançay, un projet européen capable notamment de vérifier les théories d’Einstein

          2011, opération LOFAR (LOw Frequencies ARray = réseau basses fréquences) : installation de 1632 antennes basses fréquences (110 à 250 Mégahertz), partenaires d’un réseau de 50 000 antennes à travers l’Europe

         2015, opération NENUFAR : déploiement de 1800 antennes supplémentaires, complétant LOFAR , de 10 à 90 Mégahertz.

        Ce réseau explore l’Univers, notamment les pulsars. Les pulsars sont l’objet d’une attention toute particulière : ce sont des restes de très grosses étoiles. Ces restes ont encore la masse du Soleil (notre Soleil est une petite étoile) mais beaucoup plus concentrée, sur un très petit rayon (moins de 10km). Ils tournent sur eux-mêmes à grande vitesse (jusqu’à 700 km par seconde) avec une parfaite régularité due à leur inertie. Ils constituent ainsi des horloges « parfaites » avec lesquelles on peut vérifier la relativité d’Einstein. La classe !

        A Nançay, vous ne rencontrerez donc pas de « petits hommes verts », mais vous serez au cœur des émissions radio de notre Univers, en pleine forêt de Sologne.

 

Suzanne Bourdet     Michel Faye

 

* https://www.obs-nancay.fr/

** https://www.lefigaro.fr/sciences/2007/11/07/01008-20071107ARTFIG00201-les-pulsars-ans-de-surprises-astronomiques.php

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