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Cher nucléaire

Côté Lobbies

On nous assure que le nucléaire actuel, nucléaire de fission (on casse des noyaux d’uranium) nous protège de la pénurie d’énergie annoncée.

Et on greffe sur cette affirmation la promotion des EPR (EPR =   Réacteur Européen Pressurisé) dont aucun ne fonctionne actuellement,  et de mini-centrales nucléaires qui n’existent pour le moment que sur le papier.

Tout ira mieux dans 15 ans, entend-on. A quel prix ? et pour ce même délai, pourquoi ne parle-t-on pas d’ITER ( ITER =  Reacteur Thermonucléaire Expérimental International), nucléaire de fusion de noyaux d’hydrogène, qui peut être prêt dans les mêmes délais, et polluerait beaucoup moins.

 

Côté Fonctionnement

      Les scientifiques fondateurs du nucléaire actuel donnaient de 40 à 50 ans maximum de durée de vie aux centrales actuelles, construites dans les années 80. 22 de nos centrales ont dépassé 40 ans. Et les problèmes s’accumulent, y compris dans les plus récentes.

      Les politiques d’aujourd’hui sont sensibles aux sirènes des lobbies, qui conseillent de faire durer plus longtemps. Sauf qu’à ce jour, la maintenance est de plus en plus difficile*, actuellement plus de la moitié des réacteurs nucléaires sont à l’arrêt .

      Pour enfoncer le clou, canicule et sécheresse entrent dans la danse, car le refroidissement de certaines centrales est aussi de plus en plus difficile, manque d’eau, températures trop élevées. Par exemple, à 20 km d'Agen, et 40km de Montauban, la centrale de Golfech (un réacteur de 32 ans, un deuxième de 29 ans) utilise l'eau de la Garonne pour son refroidissement; un réacteur est à l'arrêt, le second en puissance réduite, et l’eau de refroidissement sort à 29°C . Cette surchauffe n’est pas sans conséquences sur la flore et la faune de la Garonne.

( photo de titre Centrale de Golfech, été 2022 : un réacteur à l'arrêt, le second en puissance réduite) 

 

Côté Angleterre / EPR or not EPR ? **

      Deux EPR sont en construction à Hinkley Point (Angleterre côté Ouest), par un consortium EDF (France)-CGN (Chine). Deux autres permis viennent d’être accordés à EDF-CGN par le gouvernement britannique pour construire deux autres EPR à Sizewell C ( Angleterre côté Est).

      La centrale nucléaire classique Hinkley Point A ( 1965-2000, soit 35 ans de service) est en cours de démantèlement. La centrale nucléaire Hinkley Point B , mise en service en 1976 , et reprise par EDF en 2009, est arrêtée de manière anticipée (arrêt annoncé en juillet 2022, soit 46 ans de service).

      A Sizewell, petit village de pêcheurs, la centrale nucléaire Sizewell A est arrêtée depuis 2006, la centrale Sizewell B est exploitée par EDF, qui espère aller jusqu’en 2035, voire plus.

 

Concernant les 2 EPR d’Hinkley Point 3 , retards et surcoûts se multiplient. Pendant ce temps, le Claverton Energy Research Group, qui compte une centaine de spécialistes de l’énergie, a mis toutes leurs connaissances en commun pour obtenir une modélisation sérieuse et argumentée des coûts et des délais comparés du nucléaire et des renouvelables. Pour eux, le nucléaire est à la fois plus cher et plus lent à mettre en œuvre que les énergies renouvelables. 


Extrait Canard Enchainé  3 juillet 2022

 

 

Côté France, des choix malheureux

      EDF privatisée hier, rachetée par l’Etat ces jours-ci, gouffres financiers, la moitié des réacteurs nucléaires à l’arrêt, la France est devenue un très gros importateur d’électricité. Les solutions de type EPR ou micro-centrales ne seront prêtes au mieux que dans une quinzaine d’années, et leur financement enlevera autant de moyens aux renouvelables, pourtant beaucoup plus rapides à mettre en place, et beaucoup moins producteurs de déchets. Avec les renouvelables, on peut faire de l’économie circulaire (économie de recyclage), pas avec les déchets nucléaires.

      Ainsi, le pari sur le nucléaire nous expose à une pénurie réelle d’électricité. Et oublie de nombreux risques collatéraux, qu’il s’agisse de surchauffe des eaux indispensables au refroidissement des centrales nucléaires ou de gestion de déchets hautement radioactifs.

 

Corinne Lepage, ministre de l’Environnement de 1995 à 1997 et députée européenne de 2014 à 2017, pose la question dans le Monde du 4 août 2022: « Comment continuer à produire une électricité qui coûtera globalement le double de l’électricité verte***   (solaire et éolienne terrestre), qui ne favorise pas les territoires, et n’aura plus de justification au regard de l’intermittence, dès lors que le stockage sera opérationnel, et il l’est déjà partiellement avec l’hydrogène?».

 

Suzanne Bourdet   Michel Faye

 

* http://www.pourfontenay.fr/blog/reacteurs-nucleaires-et-corrosion

** Le nucléaire en Angleterre :

https://fr.wikipedia.org/wiki/Centrale_nucl%C3%A9aire_d%27Hinkley_Point

https://fr.wikipedia.org/wiki/Centrale_nucl%C3%A9aire_de_Sizewell

*** https://www.pourfontenay.fr/blog/energie-3-les-energies-renouvelables-so...

 

 

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