Back to top

Dé-z-ehpadiser la société ?

On appelle « actifs »  ceux qui font un travail rémunéré. Ensuite, retraités, ils sont dits « inactifs » alors qu’ils assurent bénévolement le fonctionnement de nombreuses associations, et d’aides intrafamiliales. Que se passerait-il s’il fallait rémunérer tous les bénévoles associatifs de notre ville ? rémunérer tous les aidants intrafamiliaux ? Combien sont-ils ?

Enfin, devenus dépendants, les « vieux » sont « à la charge » de la société, qui ne leur accorde plus aucun rôle positif. Alors qu’ils sont la mémoire d’un 20ème siècle de changements profonds et rapides, et peuvent souvent en parler.

Le passage en Ehpad est bref, 2 à 3 ans, la moyenne d’âge y est de 87 ans. L’Ehpad représente la plupart du temps le dernier lieu de vie de ses résidents, dont l’autonomie est de plus en plus diminuée.

Parce qu’un virus nouveau a sidéré notre société, on n’a proposé qu’un confinement, qui est une forme d’ « ehpadisation » de la société toute entière. C’est comme si toute la population française avait perdu son autonomie, sa liberté de circuler, sa liberté de penser (les voix dissonantes sont montrées du doigt au nom d’une solidarité), sa liberté de prescrire (en particulier pour les médecins généralistes en première ligne) ... La course aux profits, mondialisée, a occulté la prévention normale que devrait assurer une société moderne. On manque de masques, de tests, or les hôpitaux appelaient au secours bien avant la crise, sans être entendus.

Le gouvernement choisit ses conseils (CARE, Comité scientifique) sans consulter les experts de terrain, comme par exemple Médecins sans frontières, comme par exemple aussi les associations locales de solidarité. Eh oui, les quartiers populaires ont besoin d’un regard autre que la question des autorisations de sortie d’appartements trop petits, mal entretenus par les bailleurs, toujours aussi mal isolés quand la canicule viendra. Les quartiers populaires ont besoin de perspectives, de rénovations de leur habitat, de salles de convivialités, de formations et d’accès à l’emploi…

Dans l’urgence, on n’a pas eu le choix, mais il s’agit maintenant de dé-z-ehpadiser la société. Le Conseil scientifique lui-même souhaite (23 mars), dans un effort de science ouverte et citoyenne, « attirer l’attention sur l’importance d’un dispositif réactif d’analyse et de recherche sur la société française face au Covid 19 impliquant l’ensemble des acteurs pertinents de la recherche ainsi que d’autres acteurs (associations, science citoyenne…) ». Pour un « après » soutenable, respectueux des personnes, plus écologique, plus social, plus égalitaire. Pour tous. Y compris en ehpad.

 

Suzanne Bourdet, conseillère municipale et Laurent Marulaz, médecin hospitalier, pour un « après » soutenable.

 

Ajouter un commentaire