Solitude – de son vrai nom, Rosalie – est née vers 1772. Elle est l'enfant d'une esclave africaine violée par un marin blanc sur le navire négrier qui la déportait vers la Guadeloupe. Son combat contre l’esclavage fit de Solitude une figure historique guadeloupéenne.
Son histoire a été racontée par les auteurs André et Simone Schwarz-Bart sous le titre La mulâtresse Solitude* en 1972, histoire prolongée par L’ancêtre en solitude en 2015.
En 2020, Paula Anacaona, éditrice et autrice française, publie Solitude la flamboyante qui retrace la vie de Solitude, en s’appuyant sur un travail important de documentation. En nous montrant, dès le titre, comment on est passé, en 50 ans et 3 titres, de la "mulâtresse" à la femme flamboyante. On y voit de l’intérieur le poids d’une société esclavagiste, qui met des chaînes dans les têtes, et on partage de l’intérieur le quotidien de "ces justes silencieuses qui s’ignorent elles-mêmes"**. Avec un texte magnifié par les dessins de l’illustratrice Claudia Amaral.
Années 1780, Guadeloupe. Esclave métisse, Solitude a la peau assez claire – ce qui est un critère de beauté dans la société esclavagiste. Solitude devient demoiselle de compagnie. Elle apprend à lire, à écrire de la poésie, à jouer du violon, elle brode, elle parle plusieurs langues, elle mange à sa faim... … Elle reste néanmoins une esclave, au statut précaire ; même si elle porte des robes de soie, elle dort sur une natte et mange les restes. Relativement favorisée, elle ne remet pas en question l'ordre colonial et esclavagiste. « Tu veux que je te dise ? Si tu continues, tu vas crever de ta solitude ».
Bientôt, un vent de révolte souffle dans les Caraïbes : Neg' Marrons, insurgés de Saint-Domingue, révolution en France. L'esclavage est aboli en 1794. Mais que vont devenir les anciens esclaves, sans ressources, sans terres, analphabètes, traumatisés par des années d'asservissement ? Solitude crée une communauté clandestine d’entraide et de solidarité, essentiellement entre femmes.
Quand Napoléon rétablit l’esclavage en 1802, Solitude reprit la lutte. Elle fut pendue pour cela . Ses bourreaux attendirent, avant de l'exécuter, qu'elle mit au monde son enfant, un garçon, une "marchandise de prix".
Près de Fontenay,à Bagneux, la sculpture de l’artiste balnéolais Nicolas Alquin, installée avenue Henri Barbusse, près du lycée professionnel Léonard de Vinci, célèbre Solitude, cette héroïne moderne, antiraciste, écologique, féministe et décoloniale.
Suzanne Bourdet Michel Faye
** D’après une citation de Simone Schwartz-Bart, en introduction à L’ancêtre en solitude
*** Babelio https://www.babelio.com/livres/Anacaona-Solitude-la-flamboyante/1292281# [1]! Et quatrième de couverture du roman Solitude la flamboyante
Images de titre :
Le livre : Solitude la flamboyante éditions Anacaona. www.anacaona.fr [2],
La sculpture : Statue honorant Solitude, Bagneux, avenue Henri Barbusse.
Image de textes : 3 livres qui montrent l’évolution de la pensée moderne sur l’esclavage
Liens
[1] https://www.babelio.com/livres/Anacaona-Solitude-la-flamboyante/1292281
[2] http://www.anacaona.fr/