Depuis 2005, l’Union européenne a établi un système de « quota carbone », pour inciter les plus gros pollueurs, en particulier les industries lourdes, à réduire leurs émissions de CO2, ce gaz qui contribue fortement au dérèglement climatique. Le problème est que les multinationales dévoient le système à leur profit, avec de TRES gros bénéfices.
Dans un système planétaire très marchandisé, l’idée a été de marchandiser les pollutions en CO2. Les industriels ont oeuvré pour un système de prix de vente-prix d’achat des pollutions en CO2 plutôt qu’une simple taxe carbone. En Europe, plus de 10000 gros pollueurs en CO2 sont concernés, centrales électriques et sites industriels. Les « naïfs » pensent que le prix limitera les pollutions. Les « requins » y voient au contraire une importante source de profit.
Le quota carbone équivaut à une tonne de CO2. Chaque participant soumis au marché du carbone doit restituer à la fin de l'année autant de quotas que de tonnes dioxyde de carbone équivalentes émises dans l'atmosphère. Principe vertueux ?
Le marché du carbone, pas si vertueux que ça !**
Si l’exploitant réduit ses émissions, il peut revendre son droit à émettre non utilisé. Dans le cas contraire, il doit en acheter, selon le principe du pollueur-payeur. Mais les problèmes sont vite apparus :
Certains secteurs, comme l’exploitation de pétrole dit « sale », dans des zones de schistes bitumineux , créent de nombreuses nuisances, contamination des sols et des eaux, dégradation de l’environnement, surproduction de CO2 non comptabilisée, boues toxiques … C’est le cas dans l’Alberta, au Canada, les règlementations sont loin d’être à la hauteur des enjeux de qualité de vie, de sécurité et de lutte contre le réchauffement climatique.
Or, qui dit pollutions géantes en un point du Globe dit surchauffe pour le Globe tout entier.
Selon le rapport « International Carbon Action Partnership Status Report 2020 », 21 marchés du carbone ont été mis en place sur quatre continents et 24 autres sont en développement ou en projet.
En Alberta (Canada), les grandes entreprises comme la multinationale française Total Energies sentent « le vent du boulet ». Des utilisations plus propres du schiste bitumineux sont à l’étude. Depuis 2016, un programme de recherche Bitumen Beyond Combustion explore d'autres formes d'exploitation commerciale des sables bitumineux :
Ne nous réjouissons pas trop vite : les multinationales s’habillent en « vert », mais si on y regarde de plus près… Ainsi, Engie, multinationale française, soigne son image « verte ». Pourtant, Engie a exploité jusqu’en 2016 (date d’un très coûteux incendie qui a duré 45 jours !) la centrale à charbon considérée comme la plus « sale » d’Australie, et en exploite encore au Chili par exemple. Ne vous y trompez pas, Engie ne ferme pas ces centrales, mais les revend partout dans le monde. L'entreprise veut se présenter comme vertueuse, alors qu'en réalité ces centrales continueront de fonctionner, contribuant inexorablement à la crise climatique», explique Malika Peyraut, des Amis de la Terre.
Suzanne Bourdet Michel Faye
* https://reporterre.net/Le-marche-du-carbone-renait-de-ses-cendres [1]
** https://www.compteco2.com/article/credit-carbone-vente/ [2]
*** France 2 / Cash Investigation https://www.youtube.com/watch?v=wBPZ0ESorXA [3]
**** https://fr.wikipedia.org/wiki/Sables_bitumineux_de_l'Athabasca [4]
Image : https://multimedia.europarl.europa.eu/fr/the-eu-reforms-its-carbon-trading-system_N01-PUB-180201-ETS_ev [5]
Liens
[1] https://reporterre.net/Le-marche-du-carbone-renait-de-ses-cendres
[2] https://www.compteco2.com/article/credit-carbone-vente/
[3] https://www.youtube.com/watch?v=wBPZ0ESorXA
[4] https://fr.wikipedia.org/wiki/Sables_bitumineux_de_l%27Athabasca
[5] https://multimedia.europarl.europa.eu/fr/the-eu-reforms-its-carbon-trading-system_N01-PUB-180201-ETS_ev