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Repenser les mobilités -3 / Peut-on voyager « bas-carbone » ?

Le transport des voyageurs, avec celui des marchandises, fait partie des secteurs les plus dépendants au pétrole. 85 % des distances parcourues par les Français pour leurs voyages le sont grâce à des carburants fossiles (essence, diesel, kérosène). La France réduit le prix du carburant à la pompe, mais laisse la SNCF à la traîne ; alors que plusieurs des grands pays européens font du train un acteur majeur pour les voyages « bas-carbone ».

 

Côté France

      Avant d’être Première Ministre, Elisabeth Borne a été ministre des Transports, puis ministre de la Transition Ecologique, et enfin ministre du Travail de la 1ère mandature d’Emmanuel Macron. 

      Mais pour le moment, son gouvernement oublie le train, et subventionne le carburant à la pompe, que ce soit pour de petits ou de gros consommateurs ; que le véhicule soit peu ou très polluant (les SUV polluent en moyenne 18% de plus que les berlines) ; qu’il s’agisse de déplacements professionnels ou de déplacements de loisirs. 

      La SNCF est à l’os, la grille tarifaire est complexe, les pannes et retards se multiplient, aggravés par le manque de personnel ; c’est le résultat de politiques strictement comptables qui perdurent. 

 

Chez nos voisins européens

      Au contraire, en Europe, face à la flambée du prix des carburants, le train est de plus en plus considéré comme un acteur majeur pour les voyages, qui plus est bon pour la planète, car « bas-carbone ». 

      Depuis octobre 2021, en Autriche*, pour 91,25 euros par mois (1095 euros par an) , le ticket climatique ( Klimaticket) permet d’accéder à l’ensemble des transports publics et privés du pays (bus, tram, métro, RER, train). Comme si on appliquait le passe-navigo francilien à tout le pays.Le choc de simplification, et l’ampleur des transports concernés ont été plébiscités par les consommateurs, et créent un imaginaire de voyage qui était jusqu’ici le monopole de l’automobile. Rien que pour le train, l’Autriche prévoit d’injecter plus de 18 milliards d’euros en 5 ans. Et la question des zones mal desservies est sur la table.

      Depuis juin 2022, en Allemagne**, pour 9 euros par mois, on peut prendre métro, bus et trains régionaux sans limite. 21 millions de cette carte mensuelle ont été vendus dès le premier mois. Pour pallier au manque d’investissement des dernières décennies, d’importants  travaux de rénovation et de sécurité ont été entrepris, créant des perturbations, qui s’ajoutent à la forte hausse de fréquentation. Les Allemands souhaitent que  le système soit prolongé au-delà du mois d’août, avec d’éventuels aménagements.  

      A la rentrée, en Espagne**, du 1er septembre au 31 décembre 2022, certains billets de train seront gratuits dans tout le pays : il s’agit des abonnements RENFE (équivalent SNCF) sur les réseaux publics régionaux et de banlieue, notamment les Cercanias autour de Madrid et les Rodalies de Catalogne. L’Espagne est aussi un des rares pays européens qui ait plus de stocks de gaz au  20 juillet 2022 qu’au 20 juillet 2021.

      Depuis mai 2022, en Irlande, plus modeste, car le train y est moins développé que le bus, le prix des billets de train a baissé de 20%.

Autant d'exemples qui traduisent en actes concrets la prise de conscience des urgences économiques et écologiques. A suivre.

 

 

Suzanne Bourdet    Michel Faye

 

https://www.thegood.fr/en-autriche-un-ticket-climat-illimite-pour-tous-l...

** Le Monde du 10 août

 

 

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