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Un peu de Roumanie à Fontenay-aux-Roses ?

Le Coq, de Constantin Brancusi (symbole de liberté).                                                

 

Les résultats du vote de dimanche 28/06/2020 montrent une large victoire, partout en France, du parti abstentionniste.

Si L. Vastel est dans le déni, préférant « remercier tout ceux qui se sont déplacés pour exprimer leur suffrage » (laissons à César sa faute d’orthographe et son mépris de ceux qui se sont déplacés pour voter blanc ou nul)* ; si G. Mergy s’interroge timidement « sur la manière de redonner confiance en l’action publique »** ; il nous appartient, en tant que citoyens engagés, d’apporter des réponses concrètes. Et c’est par cet article de blog, que je souhaite vous soumettre l’une de ces réponses.

Je ne souhaite pas ici relayer les propos de L. Vastel, ni ceux des pseudo-soutiens de G. Mergy, chaque lecteur pourra faire ses recherches selon sa curiosité.

J’aimerais simplement pointer du doigt un exemple de raccourci de campagne où le Fontenay d’avant 2014 était mis en parallèle avec la Roumanie de Ceaucescu, en omettant sans vergogne de faire part de la richesse culturelle de ce pays, et de son lien avec notre ville.

En effet, Fontenay-aux-Roses a accueilli, pour la France, une prestigieuse école roumaine de 1920 à 1947 (1947 = rideau de fer) au 48 rue des Châtaigniers (actuelle rue Jean Lavaud) et de solides amitiés existent encore. De nombreux artistes Franco-Roumains marquent encore notre culture : l’écrivain Panaït Istrati (le Gorki des Balkans) ; Eugène Ionesco et ses pièces de théâtre, dont La Cantatrice chauve et La Leçon jouées sans interruption (sauf Covid) depuis 1957 au théâtre de la Huchette à Paris ; le sculpteur Constantin Brâncuşi, dont l’atelier est reconstitué au Centre Pompidou (Beaubourg).

Si l’on se compare aux Roumains, il s’agit d’un peuple qui manifeste peu. La dernière manifestation a eu lieu en août 2019 (environ 25 000 manifestants, pour un pays qui compte 20 millions d’habitants) : ils s’étaient rassemblés contre la corruption de leurs gouvernants. Mais un autre mouvement intellectuel fut marquant et a changé le cours de l’Histoire. En 2011, une proposition de loi d’un député (du parti socialiste et démocrate) voulait imposer un  doublage « roumano-centré » (en remplacement du sous-titrage) des œuvres cinématographiques et télévisuelles, pour faire « comme dans les pays civilisés », et mettre en avant les versions roumaines, plutôt que les versions originales. Son argument principal était la protection de « l’identité nationale » roumaine.

Un rassemblement d’intellectuels et de citoyens (via une pétition) s’est formé pour que les œuvres originales ne soient pas dénaturées. Les acteurs roumains se sont vivement opposés à cette proposition de loi, refusant de prêter leurs voix à des fins aussi « imbéciles ». Grâce à cela, la Roumanie peut aujourd’hui être fière de compter une large majorité de citoyens ouverts à la diversité culturelle.

Nous pourrons nous inspirer de ce peuple qui a su se soulever contre le pouvoir en place pour défendre des causes nobles. Je formule l’hypothèse théorique selon laquelle l’utilisation de préjugés clivants éloigne les électeurs des bureaux de vote, contrairement à la connaissance et à l’ouverture d’esprit. Et je suis convaincu que c’est en nous adressant à l’intelligence des citoyens que nous pourrons rassembler et donner du sens à l’acte d’aller voter..

C’est à nous, à Fontenay-aux-Roses, de montrer l’exemple ! Car, comme disait Constantin Brâncuşi : « Les théories sont des échantillons sans valeur. Ce n’est que l’action humaine qui compte. »

Laurent Marulaz

*source : https://fontenay-demain.fr/rapidoweb/ 

**source: http://www.ateliersfontenaisiens.fr/des-elus-de-lopposition-au-service-des-fontenaisiens/

NB : un « suffrage exprimé » est vote comptant dans le résultat d’une élection, à la différence des votes blancs et nuls.

 

 

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