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Le maire de Fontenay veut supprimer la caisse des écoles. Un nouveau recul de la démocratie participative.

Au Conseil municipal du 30 septembre 2021, le maire propose la « mise en sommeil »  de la Caisse des écoles, prélude à sa suppression 3 ans plus tard.

 

La Caisse des écoles, d’où cela vient-il ?

En 1849, un commerçant du 3ème arrondissement de Paris créa la première caisse des écoles, pour que tous les enfants à aller à l’école et lutter ainsi contre l’illettrisme.

Institutionnalisée en 1867, puis généralisée à toutes les communes en 1882, la caisse des écoles est un établissement public communal présidé par le maire, et les statuts évoluent au fur et à mesure des besoins nécessaires à la réussite éducative de tous les enfants, dans le cadre du Code de l’Education et conformément à la loi de programmation pour la cohésion sociale.

 

La Caisse des écoles, à quoi ça sert ?

            La Caisse des écoles est un lieu de rencontre entre des représentants de l’éducation nationale, des représentants des parents d’élèves et des élus (de la majorité et de l’opposition), sous la présidence du maire, accompagné de responsables du service scolaire. A Fontenay, les statuts de 2005 incluent explicitement un chapitre « Conseil consultatif de réussite éducative ». Un exemple de démocratie locale que les politiques ont tantôt cajolé, tantôt cherché à museler ; faire vivre la démocratie locale, un bel enjeu, mais pas toujours reconnu.

Pendant les 4 années où j’étais maire-adjointe aux écoles, j’ai apprécié de pouvoir débattre au sein de la caisse des écoles, des grands et des « petits » sujets, toujours avec pour objectif la réussite éducative de tous les enfants ; fournitures (panier de l’élève), activités culturelles, PRE (Programme de réussite éducative, subventionné par l’Etat).

Ainsi, avais-je pu financer un demi-poste de Communication Non-Violente, et un demi-poste d’aide psychologique gratuite pour les enfants qui en avaient besoin, hors temps scolaire. Plutôt que de répression exclusive, construire une prévention inclusive, c’est plus efficace pour la sécurité de tous.

 

Qui veut « mettre en sommeil » aujourd’hui la Caisse des écoles ?

En cette dernière décennie, l’Etat devient de plus en plus « radin », les crédits d’Etat ont drastiquement diminué. Et le maire a supprimé les postes de communication Non Violente et de consultation psychologique gratuite pour les enfants en ayant besoin. La tentation municipale est devenue grande de se débarrasser de la Caisse des écoles, ce « forum » de parole respectueuse, mais libre.

Le maire se soucie-t-il de la réussite éducative pour tous les enfants ? De fait, en ces temps de repliements généralisés, on ne parle guère d’école que le temps d’une rentrée ou d’un fait divers. La notion, le désir, de réussite éducative pour tous s’effiloche. Le maire force à peine la chute puisqu’il obtient l’accord de certaines associations de parents d’élèves pour « mettre en sommeil » la Caisse des écoles. Mais il n’entraîne dans cette chute ni l’association de parents d’élèves la plus ancienne, dont je fus membre comme parent d’élève, ni la nouvelle association, Nous Parents d’élèves, qui demande plus de concertation.  Pour valoriser la participation de tous les parents, il vaudrait mieux développer la Caisse des écoles au lieu de l’étouffer.

Sur ce sujet, hautement symbolique, le maire de Fontenay choisit l’ancien monde ; ancien, très ancien, le monde d’avant 1882 !  Avant 1882, l’école publique n’était ni gratuite*, ni obligatoire**, ni laïque***.

 

Suzanne Bourdet

ancienne responsable parents d’élèves aux écoles maternelle Jean Macé et élémentaire Le Parc, ancienne maire-adjointe aux écoles.

 

*gratuité de l’enseignement primaire dans les écoles publiques : loi Jules Ferry 16 juin 1881

* enseignement primaire obligatoire : loi Jules Ferry 28 mars 1882

* enseignement public laïque : loi de Jules Ferry 28 mars 1882

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