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Faut-il construire une cuisine centrale industrielle ( 2 millions de repas par an) à Fontenay pour desservir plus de 40 écoles réparties sur 4 villes ?

Le 1er juillet 2021 en soirée, le maire présente au Conseil Municipal une délibération « Intégration de la Ville de Fontenay-aux-Roses dans la Société Publique Locale « La cuisine Montrouge Sceaux ».

Ce Conseil municipal aura lieu en distanciel, ce qui est surprenant, les dernières restrictions pour ce type de réunion ont été supprimées fin juin. Le conseil de territoire qui a eu lieu mardi 29 juin s’est d‘ailleurs tenu en présentiel. Malgré sa défaite dimanche dernier (il est le seul maire candidat à sa réélection au Conseil départemental battu dans les Hauts-de-Seine), le maire est encore Vice-président du Territoire et Conseiller métropolitain. Pourquoi donc a-t-il choisi de maintenir à Fontenay le distanciel supprimé ailleurs ?

Or, le projet de cuisine centrale à 4 villes soulève une question fondamentale :  quel type de cuisine est le plus adapté, pour assurer aux enfants et aux personnes âgées des repas de qualité, irréprochables d’un point de vue sanitaire, tout en veillant aux implications écologiques, financières et politiques des choix en cours? Pourquoi aller chercher des partenariats hors commune alors qu’un partenariat avec le collège de la ville pourrait être, par exemple, bénéfique pour tous ?

 

Etude de la cuisine centrale actuelle, qui fournit des repas dans la ville même

En 2004 de la ville de Fontenay a construit une cuisine centrale de petite taille ; elle est en activité depuis 2007, les écoles desservies sont proches.

Les déplacements des véhicules sont courts, en accord avec le plan de transition écologique voté par le Territoire.

Avantages : cuisine centrale à taille humaine, possibilité d’avoir des produits bio et locaux vu que les quantités demandées sont raisonnables. Repas scolaires journaliers de l’ordre de 2 200 par jour de classe, repas seniors de l’ordre de 250 par jour. Avec la petite enfance (crèches), on arrive à 2700 repas par jour de classe. Le total annuel est de l’ordre de 500 000 repas (tout compris)

- La mairie a la main sur la qualité des repas ; la qualité des repas est reconnue satisfaisante et il n’y a jamais eu de problème sanitaire.

- Le coût des repas est inférieur à qualité égale au coût du repas d’une cuisine centrale industrielle.

L’amortissement de cette cuisine centrale est prévu en 25 ans (soit en 2032).

Son entretien, sur les 10 premières années, a coûté 30k€/an. Pour les 10 suivantes, le coût prévu est de 62 k€/an.

- La ville de Fontenay reste maîtresse de sa cuisine centrale et peut chercher à l’optimiser, en préparant des repas pour des établissements scolaires proches.Une piste à étudier : la rénovation lourde prévue ces prochaines années du Collège des Ormeaux, mutualisation de la cuisine centrale actuelle entre ce Collège et la Ville.

- La ville a la maitrise du terrain où est située la cuisine centrale, terrain idéalement situé à proximité du Tramway T6, elle peut en maitriser l’usage.

 

Etude d’une cuisine centrale industrielle desservant plusieurs villes

C’est le choix qu’implique l’adhésion à la Société Publique Locale (SPL)«  La cuisine Montrouge-Sceaux » regroupant 4 villes, pour construire une cuisine centrale industrielle ( plus de 2 millions de repas/an) à) l’emplacement de la cuisine actuelle au Panorama.

 

  Première interrogation : Les 3 autres villes limitrophes du Panorama sont Chatillon, Clamart et Le Plessis Robinson. Aucune de ces villes n’adhère à cette SPL ! Les 3 villes adhérentes de cette SPL sont Sceaux, Bourg La Reine et Montrouge.

Conséquence : des norias de camions de livraisons parcourant des dizaines de km par jour en pleine zones urbaines denses, voire très denses, ce qu’il faut absolument éviter. On n’utilisera pas le tramway T6 pour livrer Montrouge !

C’est en opposition avec les recommandations du Plan Climat Air Energie Territorial ( PCAET)voté mardi 29 juin par le Territoire Vallée Sud Grand Paris, par ces mêmes villes : incohérence totale, ou pour cesvilles, la transition écologique est-elle juste de la com’ ?

Non respect flagrant de la transition écologique.

 

 Deuxième interrogation : vu le volume de repas fabriqués par cette cuisine centrale industrielle, on peut s’attendre à de plus grandes difficultés pour avoir des produits bio et locaux.

On peut craindre une diminution de la qualité des repas et une dégradation de l’origine des produits.

 

Fontenay aux Roses, le dindon de la farce ?

Montrouge et Sceaux l’ont expressément dit : leurs maires recherchent du foncier pour construire cette cuisine centrale industrielle, laissant à des promoteurs les terrains disponibles dans leurs villes pour en tirer le maximum d’argent pour leur commune. La parcelle du Panorama à Fontenay, où serait situé la cuisine centrale industrielle, est située à proximité immédiate de la station Division Leclerc du Tramway T6. Elle vaut plusieurs millions d’euros qui seraient bien utiles à Fontenay, vu l’état des finances de la Ville (dette + 50% en moins de 3 ans, taxe foncière communale + 18% cette année).

Peut-être faudra-t-il assainir le terrain, mais cette observation vaut aussi bien pour une cuisine centrale que pour un immeuble, et densifier à cet endroit serait beaucoup moins impactant qu’en Centre-Ville par exemple.

Sceaux et Montrouge avaient jeté leur dévolu sur Wissous, mais, après réflexion, et voyant les conséquences, Wissous a finalement refusé.

 Fontenay serait bien le dindon de la farce de cette opération.

 

Construire une cuisine centrale industrielle présente un très gros risque financier pour Fontenay, avec des conséquences pour le prix des repas.

 

- La cuisine centrale actuelle sera démolie avant même qu’elle soit amortie : gâchis financier et écologique garantis.

- Le coût de la cuisine centrale de type industrielle prévue se situera, foncier non compris, entre 20 et 30 millions d’euros, soit Fontenay étant actionnaire a priori à 30%, un coût de 6 à 9 millions pour Fontenay, peut-être plus. Or la situation financière de la ville est déjà délicate et s’il y a emprunt, Fontenay devrait garantir sa part d’emprunt.

- Le coût de revient des repas, à qualité égale, augmentera pour toutes les villes, comme l’ont montré les études de faisabilité réalisées en 2016 et 2017.

- Qui peut dire ce que les besoins en restauration scolaire seront dans 10 ans, 15 ans, assumés par ce type de cuisine centrale industrielle qui ne permet aucune « agilité » ?

- Plus grave : que se passe-t-il si une ou plusieurs villes désirent quitter cette SPL ? Rien ne dit que pour ces 4 villes il y aura une stabilité politique sur 20 à 25 ans, durée minimale d’amortissement de cet investissement..

     Que se passera-t-il alors pour Fontenay qui aura un énorme bâtiment sur son territoire : le vendre à une société privée ?

Dans ce cas, autant acheter les repas directement à des sociétés privées. On peut chaque année ajuster les demandes aux besoins constatés et on supprime les risques financiers, on n’aurait pas plus de camions (et on n’aurait plus ceux qui apportent les denrées à la cuisine centrale). Quant à la qualité des repas, la qualité ayant un prix, ce sera un arbitrage financier  pour la ville.

Au fond quel service en plus cette cuisine centrale industrielle apporte-t-elle aux Fontenaisiens ?

 

Un dernier point, complètement occulté :   quel est l’avis des fontenaisiens ?

 Si cette délibération est votée, le Conseil Municipal n’aura plus son mot à dire sur l’évolution de ce dossier. Ni même la ville qui sera vraisemblablement très minoritaire dans la SPL, c’est-à-dire sans minorité de blocage.

 Le Maire et sa majorité continuent à l’aide de sociétés de statuts hybrides, voire privés, déjà au moins 2 SPL ( Société Publique Locale actionnaires collectivités publiques, droit privé), 2 SEM ( Société d’Economie Mixte, actionnaires publics et privés, droit privé)  de vider de toute possibilité d’interventions et de propositions le Conseil municipal, qui ne sera plus qu’une chambre d’enregistrement d’un rapport annuel de ces différentes sociétés, la phase ultime étant la disparition de la commune de Fontenay-aux-Roses qui sera absorbée par une commune voisine. 

Comment accepter cette multiplication de sociétés, sociétés qui échappent de fait au contrôle des citoyens ?

Si vraiment le maire et sa majorité trouvent absolument nécessaire ce projet de cuisine centrale industrielle, pourquoi, vu ses très lourdes conséquences environnementales, économiques et financières, ne pas le faire valider démocratiquement par un « référendum local », comme le permet la loi d’aout 2003?

 

Notre point de vue

Le plus sage serait d’abandonner ce projet, continuer d’utiliser notre cuisine centrale actuelle, qui donne satisfaction, étudier ses possibilités d’optimisation. On éviterait ainsi un gâchis écologique et on enlèverait un nouveau risque de dérive financière avec une opération qui n’apporte aucun nouveau service aux Fontenaisiens

 

Suzanne Bourdet   Michel Faye

 

image: une proposition du cabinet Propolis  pour l'implantatation de l' UCP ( Unité Centrale de Production, autre nom de la cuisine centrale industrielle...) en date de juillet 2017, ( source internet) et gabarit d'un camion de livraison.

 

 

 

 

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