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Développement durable, pose-t-on les bonnes questions ?

Une enquête publique peut-elle aider aux prises de conscience éco-responsables ?

     La mairie aime bien les enquêtes publiques, où la façon de poser la question permet d’obtenir la réponse souhaitée ; c’est ainsi que le carrefour de la Cavée fait la part belle aux automobilistes (pas de terrain-plein central pour les piétons), c’est ainsi que la ZFE (Zone à Faibles Emissions) piétine … A quand de vrais débats argumentés dignes des enjeux écologiques ?

 

Parler vrai, en particulier face au dérèglement climatique

     Une Convention Citoyenne pour le Climat a beaucoup écrit, qu’en reste-t-il ? Bataille pour réduire les pollutions, bataille pour faire une place aux pistes cyclables et aux vélos, bataille pour améliorer les transports en commun, ce sont des associations locales, nationales ou internationales qui sont sur le pont, face à des lobbies de toutes sortes.

     Avec plusieurs questions clés, la question des matières premières dont on a besoin pour les batteries, les cellules solaires, les éoliennes; la question des gaz à effet de serre, CO2, méthane ; la question du numérique, dont les excès sont rarement connus du grand public, et souvent balayés d’un revers de main par les décideurs, profit d’abord, on verra plus tard.

 

Les matières premières de la transition écologique et leurs empreintes carbone

     Les métaux rares (cuivre, aluminium), et le silicium (semi-conducteur de l’électronique et des panneaux solaires) sont devenus un enjeu géopolitique crucial. Il se trouve que la Chine en a beaucoup, qu’elle produit en mettant sous contrainte une partie de sa population, notamment les Ouighours, en utilisant une énergie issue de centrales à charbon. Et dont nous sommes tous dépendants.

     Mais la Chine aussi veut réduire ses émissions de CO2, ce qui fait monter les prix de ces matières premières. Pour nous, baisser notre empreinte carbone parce qu’on a délocalisé en Chine, au prix de plus de transports longs, c’est une « tricherie » du point de vue de la planète.

 

L’outil numérique, ogre en énergie / pollution numérique colossale*

     Le numérique utilise du matériel, ordinateurs, smart-phones, tablettes, autant de matières premières dont la production écoresponsable et le recyclage sont loin d’être acquis. Or, on a dénombré 34 milliards de ces interfaces, pour 4,1 milliards d’usagers (cabinet Green IT).

     Le numérique a besoin de lourdes infrastructures de transmission, stockage et traitement des données. Et consomme beaucoup d’énergie, non seulement pour les myriades de courriels, SMS et autres, mais surtout pour une consommation grandissante de vidéos en ligne. En 2025, ces technologies pourraient absorber 20% de l’énergie mondiale, et représenter 7,5 % des émissions de CO2, plus que les transports maritimes et aériens cumulés.

 

Il n’y a pas de solution miracle, mais des solutions du quotidien éco-responsables

    Tous ensemble, nous pouvons rénover et recycler plutôt que détruire ; c’est vrai pour l’urbanisme, urbanisme circulaire ;  c’est vrai pour l’économie, économie circulaire ; nous devons isoler les bâtiments, développer les mobilités douces, améliorer les transports en commun; mais consommer du miel plutôt que du sucre de betterave gavé de néonicotinoïdes, et de façon générale œuvrer pour une agriculture éco-responsable de proximité. Et protéger les abeilles qui font le miel, et qui participent largement aux pollinisations; de façon générale, préserver la biodiversité.

    Cela implique beaucoup d’investissements à faire non seulement dans les outils techniques de la transition, mais surtout dans l’éducation et la formation, avec beaucoup de nouveaux métiers à la clé. Tout un sujet ô combien crucial, porteur d’inventivité collective, et de régulations solidaires.

 

Suzanne Bourdet   Michel Faye  

 

*Le Monde 21 septembre 2021 Chronique Economie par Jean-Michel Bezat Les trous noirs de la révolution verte 

Image : Lycée Jean-Jaurès d’Argenteuil http://www.lyc-jaures-argenteuil.ac-versailles.fr/naissance-du-projet/

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