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Déconfinement, acte 2 ; ré-ouverture des cafés en terrasse

Eloge de la liberté 

En 1964, la réalisatrice Agnès Varda a tourné, à Fontenay-aux-Roses et aux alentours, son film « Le bonheur » (Prix Louis Delluc), avec pour décor la place du marché (Place de Gaulle) et ses marronniers, avec l’atelier de menuiserie qui ouvrait sur cette place.  On y voit une terrasse de café de banlieue, sur une place comme celle de l’Eglise ou celle du Général de Gaulle, ou celle de la Gare. Des images qui résonnent très fort par les temps qui courent, et léchées comme des tableaux de maîtres. Le Bonheur fonctionne comme l’éloge de la liberté, «d’impressions » à la manière de Van Gogh, Monet, et aussi un « déjeuner sur l’herbe » dès le  début du film, une palette de peintre impressionniste, toute en nuances de couleurs et de libertés, un régal de vie en cette période de dé-confinement.

 

Et plus particulièrement, éloge des cafés

Voilà que nos cafés, lieux de vie et de convivialités sont restés  fermés pendant plus de deux mois, alors que la population, infantilisée, chahutée, a un besoin urgent de retrouver ces lieux de convivialité, en particulier les terrasses au soleil. Sur les places de notre ville, il y a place pour la distanciation sociale. Au fait, pourquoi les français aiment-ils les cafés ? Les Français sont attachés à leurs cafés, lieux de retrouvailles conviviales et de lien social,. D’après un sondage Odoxa, les Français considèrent à 85 %  les cafés comme un lieu populaire de détente, qui fait partie de l’identité de la France. Quand il s’agit des activités de tous les jours, les Français déclarent avoir plus de mal à se passer de café que de Facebook ou Twitter (72%), de dessert (58%) ou de vin (66%). Ce café tombe dans votre estomac... Dès lors tout s'agite, les idées s'ébranlent, écrivait  Balzac.

Le café est très en usage à Paris : il y a un grand nombre de maisons publiques où on le distribue. Dans quelques-unes de ces maisons on dit des nouvelles, dans d’autres on joue aux échecs. Il y en a une où l’on apprête le café de telle manière qu’il donne de l’esprit à ceux qui en prennent : au moins, de tous ceux qui en sortent, il n’y a personne qui ne croie qu’il en a quatre fois plus que lorsqu’il y est entré.  Lettres persanes, 36ème lettre, Montesquieu.  Rendez-nous donc nos cafés.

Les cafés accueillent les copains, mais aussi les politiques, les écrivains, les artistes, les sportifs ... Le café Procope, le plus vieux café de Paris, fondé en 1686 à Paris,  a été l’âme de la Révolution française de 1789, Marat, Danton, et d’autres y venaient tous les jours ;  le patron, convaincu de l’importance de l’instruction, y avait installé une bibliothèque.  Cinquante ans plus tard, le croissant a accompagné le café, constituant ce qui est aujourd’hui  le petit déjeuner à la française. Et les cafés littéraires sont très actifs encore aujourd’hui.

Les pouvoirs autoritaires ont parfois fermé les cafés, où se disaient les critiques du pouvoir. En 1511, l'émir Khair Bey fait fermer tous les cafés lorsqu'il apprend que les critiques contre son pouvoir émaneraient toutes de buveurs de café. La fermeture des cafés provoque des révoltes, ce qui incite le gouverneur d'Égypte à annuler l'interdiction. Une telle interdiction sera rencontrée à nouveau en Europe après l'ouverture des cafés et, étrangement, pour les mêmes raisons, à croire que la prise de café développe l'esprit critique, probablement en favorisant les échanges intellectuels entre consommateurs.

Suzanne Bourdet et Michel Faye

 

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