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Business ou sécurité sanitaire ? Des pschitts en série

Victor Hugo  s’inspira des chansonniers de son époque, Béranger, Chaponnière, pour écrire la chanson de son Gavroche : « Je suis tombé par terre, / C'est la faute à Voltaire /Le nez dans le ruisseau, / C'est la faute à Rousseau. »

Que chanterait Gavroche aujourd’hui ?

J’ai biberonné au bisphénol, c’est la faute à Coca-Cola, et d’autres 

J’ai des néonicotinoïdes dans mes valises, c’est la faute à Syngenta, et d’autres

J’ai du glyphosate dans mes urines, c’est la faute au NODU   

 

Point sur le bisphénol A (BPA)

     Le bisphénol A (ou BPA) est un produit chimique toxique pour la reproduction (c’est un perturbateur endocrinien). Biberons, tickets de caisse, résines recouvrant l’intérieur des boites métalliques… autant d’utilisations de BPA dangereuses pour la santé.

     Des interdictions se mettent en place : interdiction européenne du BPA dans les biberons depuis 2011 ; interdiction européenne du BPA dans tous les contenants alimentaires (récipients destinés au four micro-ondes, boîtes pour la conservation des aliments, cannettes, boîtes de conserve, couvercles métalliques) depuis 2015 ; interdiction européenne de plus de 0,02% de BPA  dans le papier thermique (tickets de caisse) depuis 2020,  ce qui équivaut de fait à une interdiction du BPA dans les tickets de caisse. 

 

J’ai biberonné au bisphénol, c’est la faute à Coca-Cola, et d’autres 

     Aujourd’hui,  l’Autorité de la concurrence enquête sur des ententes internes à l’industrie agroalimentaire (Coca-Cola et d’autres) pour, dans ces années charnières, avoir sous-informé collectivement les consommateurs et avoir décidé de ne pas faire du passage au « sans BPA » un argument marketing.

     Pschitt : Business avant sécurité alimentaire*.

 

Point sur les néonicotinoïdes

     En 2018, la France interdit les néonicotinoïdes, pesticides tueurs d’abeilles. Mais des dérogations restent possibles. Pschitt, les betteraviers ont obtenu en 2020 la réintroduction « temporaire »( ?) des néonicotinoïdes, « potentiellement » ( ?) jusqu’en 2023.

     En contrepartie, un plan « pollinisateurs » était promis. Il arrive aujourd’hui, tout le monde semble mécontent, apiculteurs comme agriculteurs. Ce plan ne contient aucun accompagnement technique ni financier pour aider les agriculteurs à se passer des pesticides de synthèse et à  mettre enfin sur pied un modèle agricole durable et respectueux de la biodiversité**.

 

J’ai des néonicotinoïdes dans mes valises, c’est la faute à Syngenta, et d’autres

     Aujourd’hui, l’Union Européenne continue à produire et à exporter massivement vers des pays moins regardants ( Brésil, Indonésie, Ukraine) ces pesticides ultratoxiques dont l’Union Européenne  ne veut pas chez elle. Derrière ces exportations, se cachent les géants de l’agrochimie, en particulier le géant Syngenta. Au fait, qui est Syngenta ? 

     Syngenta est une société suisse spécialisée dans la chimie et l'agroalimentaire, issue de la fusion en novembre 2000 des divisions agrochimiques des sociétés AstraZeneca et Novartis, et désormais sous pavillon chinois. Syngenta est responsable de plus des trois-quarts des volumes exportés depuis l’Union Européenne. On attend une proposition de loi qui mette fin à cette aberration, car l’effondrement des populations d’insectes pollinisateurs (dont les abeilles)  à l’échelle de la planète, est une sérieuse menace pour la sécurité alimentaire mondiale***.

 

Point sur le  glyphosate

       Depuis 2015, le glyphosate (Round-up et autres marques), pesticide très répandu, est classé « cancérogène probable » pour l’homme par le Centre International de Recherche sur le Cancer (CIRC), une agence de l’Organisation mondiale de la santé et récemment, en France, une étude de l’Inserm (Institut national de la santé et de la recherche médicale) est venue renforcer l’analyse des risques liés au glyphosate****.

     Pourtant, aujourd’hui, le débat oppose encore les industriels et les ONG. Ce débat doit revenir à la table européenne début 2022. Avec des études industrielles (lobbies ?) jugées non fiables par  41 ONG, qui demandent à la Commission européenne de mettre fin à l’utilisation de ces études.

 

J’ai du glyphosate dans mes urines, c’est la faute au NODU 

L’utilisation des pesticides se mesure en NODU, NOmbre de Doses Unités de pesticides utilisées.   

     Pschitt : la France devait sortir du glyphosate « au plus tard » début 2021. Or, les quantités de glyphosate écoulées en 2020 ont bondi de 42% par rapport à l’année précédente. De façon générale, les ventes de produits phytosanitaires ont fortement augmenté en 2020 par rapport à 2019. La question de la protection des ouvriers agricoles et de la protection des riverains reste quasi-entière.  

     Il semble urgent d’en finir avec le glyphosate, et plus largement il est urgent de repenser le modèle économique. Pour amorcer une vraie transition agricole et alimentaire. Pour la sécurité des contenants, pour la sécurité dans nos champs et dans nos assiettes et pour la santé de tous. Le Covid nous l’aurait-il fait oublier ?

 

Suzanne Bourdet      Michel Faye

 

*https://www.anses.fr/fr/content/bisph%C3%A9nol#:~:text=Le%20bisph%C3%A9nol%20A%20(BPA)%20est,d'autres%20polym%C3%A8res%2C%20etc.

** Le Monde du 24 novembre 2021 : Le plan « pollinisateurs » critiqué de toutes parts

*** Le Monde du 19 novembre 2021 : l’UE exporte les néonicotinoïdes interdits sur son sol.

****https://www.lemonde.fr/les-decodeurs/article/2019/06/28/petit-manuel-a-lire-pour-comprendre-le-debat-sur-le-glyphosate_5482759_4355770.html#glyphosate_sante_humaine

images: Université de Lyon, stactic-actu, asyousow

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